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Black Cherry : Visions sur le Métal Progressif et l'actualité
22 mars 2009

Pain of Salvation : Scarsick

Boite_Scarsick3

Si la sortie d'un nouveau disque de Pain of Salvation est toujours un moment excitant c'est, entre autres bonnes raisons, parcequ'on est quasiment sûr de ne pas être déçu par la qualité des morceaux s'y trouvant. Le dernier album BE avait mit la barre très haut, malgré un concept ultra-ambitieux avec lequel de nombreux groupes se seraient cassé la gueule. Mais ce n'est pourtant pas pour cela que j'ai été déçu de ce Scarsick lors des premières écoutes. Heureusement les suivantes m'ont ouvert les yeux : Scarsick est un grand album de metal progressif !

Comme souvent avec ces Suédois, le principal atout de leur musique sont les paroles. Ici POS dénonce un système socialo-économico-politique pourri jusqu'à la moelle, où la part belle est faite à la superficialité et au matérialisme. C'est un thème récurant chez ce groupe qui dénonçait aussi le pouvoir de l'argent dans leur chanson Dea Pecuniae par exemple, présente sur BE. Soulignons que Scarsick est la deuxième partie de The Perfect Element, sortit en 2000. On ne retrouve cependant aucun des thèmes musicaux introduits dans la première partie. Ce que l'on retrouve par contre c'est le génie des mélodies émotionnelles, la monté en puissance de certaines compositions mais aussi et surtout la voie inimitable de Daniel Gildenlöw, toujours aussi juste et belle. Il se permet aussi comme par le passé un débit de parole impressionnant lors des séquences de chant rap comme dans le tonitruant Scarsick ou l'incroyable Spitfall, mais c'est aussi avec plaisir que l'on peut l'entendre vociférer, à s'en dérailler la voix, dans Flame to the Moth.
Le côté metal est d'ailleurs bien plus prononcé dans cet album. Scarsick ( la chanson ) déménage dès le début, avec une distorsion des plus tranchantes et grasses à la fois. Cette chanson, comme toutes les autres de l'album d'ailleurs, fourmille d'innombrables trouvailles au niveau des effets sonores. Que se soit au clavier, à la guitare ou à la bouche, ceux ci contribuent fortement à créer une atmosphère unique. Ainsi les chansons sont incroyablement riches et denses, l'oreille est constamment sollicitée, créant de multiples niveaux d'écoutes.

L'autre force des Suédois est de parvenir à trouver des refrains on ne peut plus accrocheurs, sans pour autant tomber dans le convenu. Les passages mélodiques, intenses et émotionnelles, prennent aux tripes et sont souvent l'occasions d'envolées lyriques. Spitfall est sûrement un parfait exemple. Les couplets sont d'une noirceur rare, tant au niveau du rythme à la fois lourd et groovy de la batterie, que de la guitare et du piano, ce dernier participant à cette ambiance grâce à seulement quatre notes, mais d'une efficacité déconcertante.
L'album comporte trois chansons basées sur à peu de choses près le même schéma : une montée en puissance pour finir sur un apothéose vocale et instrumentale, pour un résultat éblouissant. Cribcaged, Kingdom of Loss et Enter Rain sont ces trois joyaux. Le premier est une dénonciation violente de l'illusion d'importance et de bien être que provoquent le pouvoir et l'argent. Démarrant sur des rires d'enfants, Daniel prend vite le relay. C'est sa voie et elle seule qui guide l'auditeur vers des émotions fortes, car ici point n'est question de solo de guitare ou de partie instrumentale délirante.

Kingdom of Loss est la suite de l'énorme King of Loss. Ici aussi le matérialisme et autre "éphémèrisation" de la société où  tout est à vendre sont dénoncées. Niveau musique on trouve certaines pointes d'originalités avec des phrasés en double croche à la guitare très stylés mafia italienne et une flute soulignant le chant. Les mélodies et les lignes de chants sont encore et toujours somptueuses et chargées d'émotions. La fin du morceaux en est représentatif grâce à ses paroles : As you’re tearing down my world, please just try to do it gently...there’s still love inside for the dream that had to die.
Idiocracy
est mon grand coup de cœur. Gros accords de piano, riffs de guitare suffoqués, nappes de clavier envoutantes, batterie entrainante toute en finesse, sonorités diverses et variées au niveau de la voie et de la guitare. Non décidément je ne vois pas de point noir à cette chanson incroyable à l'ambiance sombre, teintée d'espoir lors des refrains. Si une chape de plomb écrasante menace tout au long de la chanson, c'est avec brio que celle ci vole en éclat lors du final magistralement mené par la voie de Daniel. Mais malgré tout  ces superlatifs, ma description ne rend pourtant pas assez hommage à mon goût à ce morceau.
C'est avec une chanson très prog de 10 minutes, Enter Rain, que l'album s'achève. Et de fort belle manière puisque l'ambiance mystérieuse et inquiétante de cette piste est très réussie. Dans l'ensemble assez lente et calme, certains passage sont assez agressifs comme lors du refrain ou de la fin pour donner de la pêche à cette chanson misant surtout sur l'ambiance et l'atmosphère.

La raison pour laquelle je n'ai pas parlé de America et Disco Queen est que ces deux titres sont pour moi les seuls faiblesses de Scarsick. En effet si America passe encore, mais ne constitue toutefois pas un grand intérêt, Disco Queen va parcontre trop loin dans le délirant, mélangeant le metal et le Disco. Même si certains passages de ces chansons ne manquent pas de qualités, la force intrinsèque de ceux ci ne me paraît pas suffisante. Ceci n'est que mon humble avis.
Pour conclure, si Scarsick est un album très réussi, il m'a surtout rappelé une règle on ne peut plus vraie, à respecter lorsque l'on écoute du metal progressif : ne jamais se fier à sa première impression.
Parce que Scarsick est un album à tiroirs, comme tous les albums de Pain of Salvation, il est nécessaire de l'écouter de nombreuses fois pour en savourer chaque minute, à l'instar de nombreux autres albums dans ce genre musical. C'est l'une des nombreuses raisons qui fait que le metal prog est si intéressant et riche. Cela sera vrai en tout cas tant qu'il y aura des groupes comme Pain of Salvation et des musiciens aussi talentueux pour faire vivre cette musique.

Yann


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Commentaires
Y
Mdr oui on va dire que tu pensais à "2 âmes passionnées" :)
T
Passionnés ées oula Mr Rigeade m'a peut être pas marqué tant que ça !
T
Arf 2 cons non ^^ 2 passionées ;) , quant à la pochette on peut la voire comme une autre audace du groupe ! Cela dit elle n'en gâche pas moins le contenu !
Y
Tiens je vois que le prof de français ta marqué toi aussi avec sa substantifique moelle ^^<br /> D'un côté je me dis que America et Disco Queen ne sont pas terrible intrinsèquement, d'un autre je me dis qu'on est deux cons fermés qui ne savent pas apprécier autre chose que du prog. Non ?<br /> En ce qui concerne la pochette j'ai trouvé une interview où Daniel en parle : http://www.heavylaw.com/interview141-Pain-of-Salvation.html<br /> En gros il dit que cette illustration représente le mélange de l'organique (le visage) et de l'immobile (le mur)...En tout cas c'est relativement laid, comme toutes leur pochettes en fait...Il faut bien un défaut.
T
Je confirme :) il faut plusieurs écoutes pour apprécier cette album et ainsi en dégager "sa substantifique moelle" .. J'ajouterai que je suis d'accord pour dire qu'america et disco queen sont deux compositions aux délires un peu trop poussé mais je donne l'avantage à disco queen qui posséde un passage musicalement enthousiasmant sur la fin !<br /> <br /> Et pour parler de la pochette : Trouvez vous pas que ce "lépreux" s'il en est un ressemble aux créatures du film the Descent ?
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