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Black Cherry : Visions sur le Métal Progressif et l'actualité
12 mai 2009

Dream Theater : Six Degrees of Inner Turbulence

Boite_6Degrees

Beaucoup de mauvaises critiques ont fait irruption lors de l’arrivée du double album Six Degrees of Inner Turbulence, et aux yeux de certains fan le groupe aurait même perdu un peu de son identité. En effet cet album a marqué un tournant dans la discographie du groupe, et n’a pas eu la tâche facile de succéder à l’implacable Scenes from a Memory sortie en 2000.

Pour ceux qui étaient restés sur les précédents albums les premières écoutes peuvent être déconcertantes et difficiles à digérer, surtout après les 13 minutes ultra cadencées et sombres à souhait de The Glass Prison. Si globalement la structure de leur chanson ne change pas avec cet album il n’en va pas de même avec le son ! L’ album marque l’arrivée de la légendaire « Siamoise » pour Mike Portnoy, nouveau joujou qu’il a dompté et n’a cessé de maîtriser aux fils des années. John Petrucci rajoute de son côté du gain, et donne à sa distorsion une toux légèrement plus grasse que précédemment. Quelque chose de nouveau certes, mais une nouvelle fois un album à la personnalité bien singulière qui au final se présente comme une œuvre désormais incontournable de l’histoire du groupe.

The Glass Prison donc, premier chapitre d’une longue série, nous raconte les déboires d’un homme piégé par l’emprise de l’alcool. Trouble, rage, appels au secours et désespoir, tels sont les thèmes abordés dans ce titre. Les musiciens choisissent d’interpréter tambours battants cette descente aux enfers. La chanson débute sur un crépitement d’onde radio, puis la cloche sonne alors pour laisser place à une introduction posée et lente, qui ne durera que très brièvement. En effet, passées les premières minutes Mike Portnoy sonne alors la charge usant avec entrain et frénésie de sa double pédale parfaitement millimétrée. Des riffs dopés à l’adrénaline d’une efficacité redoutable soutienne cette première partie particulièrement agressive et cadencée à vive allure. La seconde moitié subit une baisse de régime et laisse place à une batterie plus alambiquée appuyée de riffs lourds et discontinus. Ne délaissant pas la violence, les paroles insurgées par Labrie secondé des rugissements du duo Petrucci/Portnoy font l’effet d’une succession de coups de poing vifs et brutaux. Le final est à l’image d’un feu d’artifice de notes surgissant de tous les côtés et vient s’achever subitement sur le bruit d’un verre sauvagement brisé.

Une mise en abîme par un solo de synthé d’une douceur et d’une légèreté rare nous plonge dans l’atmosphère de Blind Faith. Ce morceau est sans aucun doute le plus évident puisqu’il a tout pour plaire. Labrie et Rudess sont à notre plus grand plaisir au service de la mélodie et du charme. Avec harmonie et chaleur James offre au cœur de la chanson l’une de ses plus belle intervention vocale. De même que Jordan Rudess nous fait succomber aux attraits séduisants d’un break de piano sublime au touché voluptueux et envoûtant.

Misunderstood, même si moins riche que les 2 opus précédents, possède des grands moments de bravoure insufflés par de très belles envolées lyriques. Des passages atypiques à la limite de l’agacement et du malaise, fortement teintés d’ambiguïté et d’incompréhension viennent aussi justifier le titre de la chanson.

Dream Theater poursuit sa course et s’impose une nouvelle fois avec un titre doté d’une impressionnante densité musicale : The Great Debate. Ce qui caractérise cette chanson c’est l’incroyable monté en puissance obtempéré par un Mike Portnoy en vogue. Commencent simplement , il multiplie tour à tour les accélérations, ne cessant de solliciter notre oreille par un festival de cymbales furtives, effleurées d’un touché surréaliste dont lui seul a le secret. Des effets de voix journalistique nous suivent aussi tout le long de l’intro contribuant à l’atmosphère grave et sérieuse du sujet abordé. Une fois la tension poussée à son paroxysme les instruments jaillissent et installent le débat. Chaque musicien, ne cessant tout le long de s’exprimer avec une efficacité et une dextérité qui poussent parfois à l’insolence, rendent ce titre dantesque. Il est alors remarquable de constater que chaque instrument exécute sa partition, sans l’ombre d’une hésitation démontrant ainsi les qualités et l’endurance hors pairs que détiennent chacun des musiciens.

On termine dans la délectation triste et mélancolique de Disappear, titre à la sensibilité sincère qui nous permet de souffler avant de redémarrer de plus belle avec la suite… Et quelle suite !

Dream Theater signe avec ce deuxième volet sa volonté de faire du progressif à proprement parlé. 41 minutes divisées en 8 chapitres nous immergent dans un voyage regorgeant de vie et d’humanité allant dans le sens de vagues parfois déchaînées, parfois dormantes. Et si tout faire ne rime pas forcément avec bien faire, cette longue suite fait exception à la règle. Dream Theater ne se prive donc pas de jouer dans tous les registres avec une justesse et une aisance qui force le respect.

Le préambule orchestrale fait office d’introduction résumant tous les thèmes musicaux développés par la suite. Comme je disais le groupe ne cesse de jongler d’un registre à l’autre. About to crash découpé en deux chansons marque les esprits de part son humeur joviale et triomphante. John Petrucci, alternant toujours avec brio virtuosité et mélodie, propose des solos composés de notes aux valeurs émotionnelles inestimables, suscitant des hauts le cœur jubilatoires. La reprise est quant à elle un grand moment musicale à couper le souffle. Les instruments fusionnent pour former un corps unique et parfaitement harmonisé.

Le chant maléfique invoqué par un James Labrie endiablé fait de War Inside My Head un titre à l’ambiance paranoïaque et cauchemardesque. The Test that Stumped All prolonge le côté noir avec une vivacité proche de celle évoqué dans The Glass Prison. Le jaillissement d’une pluie déferlante de note annonce la température, et les chants diaboliques de Mike Portnoy et James Labrie font de ce titre une chanson percutante à la sonorité originale.

Goodnightkiss et Solitary Shell marque le retour en force d’un Rudess plus qu’ inspiré. Usant d’effets à la sonorité enfantines, il recré ainsi le règne d’une atmosphère paisible et innocente à la fois. On ne boudera pas non plus les performances épique de James Labrie dans Grand Final/Losing Time qui donne un magnifique point final à ce long voyage musical.

Il est donc bien évidemment inutile de souligner qu’il est nécessaire d’avoir recours à plusieurs écoutes pour conquérir tous les tenants et aboutissants de cette véritable mine d’or auditive, sollicitant seconde après seconde le potentiel créatif et technique du groupe. Quant à la question de savoir si ils ont atteint l’apogée avec Scenes from a Memory, celle ci laisse à méditer, car selon moi, Six Degrees of Inner Turbulence est un condensé d’instants intenses et uniques symbolisant l’élan déterminé de Dream Theater à explorer de nouveaux horizons lyriques.

Toad

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